Trois genres se trouvent dans cette pièce : le récitatif, l’air noble et l’air populaire. En effet, Jean- Joseph Cassanéa de Mondonville est allé puiser dans le répertoire musical populaire de sa région d’origine.
Un air languedocien : Polida pastorela
Mondonville reconnaît dans l’avant-propos de son opéra qu’il y a intégré au moins un air languedocien :« J’ay crû nécessaire d’insérer dans mon Ouvrage un Air du Pays que j’ay ajusté. »
Comme le souligne Panat « Cet air du pays est un motif à six-huit dont la tournure rappelle de très près celle d’une chanson villageoise qui se répétait dans les campagnes : Roussignoulet dou bosc, roussignoulet salbatge ! »
Les airs d'opéra dans la chanson populaire
On retrouve les airs de l’opéra Daphnis et Alcimadure utilisés comme mélodies de plusieurs recueils de Noëls publiés à Toulouse chez J.H. Guillemette sous les titres Noëls nouveaux à l’honneur de la naissance du Messie et Noëls nouveaux à l’honneur de la naissance du Sauveur du monde.
C’était une pratique courante de retrouver des airs d’opéra dans des chansons populaires tout comme ces airs populaires pouvaient être eux-mêmes une source d’inspiration.
Controverse autour de l'utilisation d'un autre opéra
La présentation de l’opéra devant la cour ne se fait pas sans critiques.
Selon le baron Grimm, critique musical et ardent défenseur de la musique italienne, Mondonville aurait seulement arrangé l’Opéra de Frontignan de Nicolas Fizes (1679), considéré aujourd’hui comme le premier opéra en occitan. Cette accusation est facilement réfutable puisque l’ouvrage de Fizes n’est pas un opéra au sens où nous l’entendons (et où on l’entendait déjà au temps de Mondonville) mais une série de reprises de chansons occitanes et françaises à la mode, mentionnées par des timbres et non pas notées sur des portées.
La provençale des fêtes de Thalie
Un autre méridional natif d’Avignon, Jean-Joseph Mouret, avait introduit plus de trente ans auparavant la langue d’oc dans une Entrée des Fêtes de Thalie, employant tambourin et costumes provençaux. C’est la première fois que le provençal apparaît sur une scène de théâtre parisienne et royale. Selon la biographe de Mondonville, Roberte Machard, le compositeur s’inspira de cette idée qui fut couronnée de succès, lorsqu’il créa son opéra.
Esthétique du pot-pourri
L’opéra Daphnis et Alcimadure ne se rattache pas à l’esthétique du pot-pourri alors très pratiqué dans les salons au XVIIIe siècle, contrairement aux deux autres opéras en occitan presque contemporains l’Opéra de Frontignan et Lous Divertissemens de Montpellier. Les deux créateurs de ces pièces enchaînent des airs connus et jouent sur le registre du burlesque.
Le pot-pourri est un sous-genre musical qui appartient aux divertissements et autres jeux d’esprits qui se pratiquaient dans les salons de la haute société de l’Ancien Régime.
Il désigne un morceau de musique fait d’un assemblage de différents airs connus, enchaînés les uns à la suite des autres, empruntés à des sources diverses ou à une œuvre unique, de plusieurs ou d’un même auteur.